Dans cet article nous vous proposons d’explorer le principe de la résonance comme une clé essentielle pour goûter à l’état de yoga, indépendamment de la voie ou de la forme de yoga choisie.
Qu’est-ce qui se cache véritablement derrière le terme Yoga ? On sait que le terme renvoie à la notion de lien, de liant, d’union. On entend souvent parler d’union entre le corps, l’âme et l’esprit. Cependant au-delà d’un concept parfois difficile à appréhender dans notre réalité quotidienne, comment comprendre plus en profondeur cette notion d’union : Qu’est-ce qui se réunit véritablement ? Comment cette union se manifeste-t-elle ? N’est-elle pas l’expression d’un état subtil, délicat, qui se cultive patiemment tout au long de notre cheminement dans la voie du yoga ?
Plusieurs voies de yoga ont été transmises dont 4 principales : le raja yoga (le yoga royal), le jnana yoga (le yoga de la connaissance), le karma yoga (le yoga de l’action), le bhakti yoga (le yoga de la dévotion). Ces voies ont pris bien des formes diverses à ce jour, certaines plus anciennes, et d’autres étant la conséquence de relectures très contemporaines.
Dans cet article nous vous proposons d’explorer le principe de la résonance comme une clé essentielle pour goûter à l’état de yoga, indépendamment de la voie ou de la forme de yoga choisie.
En fait, ce principe de la résonance a toujours existé depuis la nuit des temps, tout comme les lois de la gravitation, de l’attraction etc… En Europe, c’est Christian Huygens, mathématicien, astronome et physicien hollandais, et ami de Spinoza, qui au XVIIè siècle reconnaît ce principe après avoir réalisé une expérience avec des pendules.
Il accrocha au bout de chaque ficelle un cochonnet en bois, sur les quatre ficelles deux étaient de longueur identique, une troisième courte, et la dernière plus longue. Il fixa ces quatre pendules immobiles à une tige parallèle au sol. En initiant un balancement de l’un des pendules de longueur identique, il se produisit un phénomène incroyable : le deuxième pendule se mit en mouvement de balançoire, en résonance avec le premier, tandis que les deux autres restaient immobiles.
« Tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut »
Le principe de résonance se retrouve dans toutes les forces qui régissent l’univers, microcosme et macrocosme. Comment cette réalité devient-elle tangible dans notre pratique pour goûter à ces états d’union - en soi et avec ce qui est au-delà de soi ?
On pourrait comparer la résonance à un écho. Nous retrouvons par exemple ce principe dans le mouvement des marées de l’océan qui entre en résonance avec les cycles lunaires. Comment notre propre système est-il en écho avec tout ce qui est vivant ?
Deux processus nécessitent d’être mis en valeur :
Le principe de résonance au sein même de notre propre corps, et sa réorganisation interne qui génère une nouvelle relation avec notre environnement
Le principe de la transmission : la mise en résonance avec ce qui nous élève ; par exemple la relation entre l’enseignant et le pratiquant (ou le maître et le disciple si l’on souhaite aborder la dimension plus traditionnelle de l’enseignement de cette voie du yoga)
La résonance au sein même de notre propre corps, et sa réorganisation interne qui génère une nouvelle résonance avec notre environnement
Au sein même de notre matière corporelle, nous observons comment les tissus conjonctifs, les fluides, les structures osseuses et les différentes dynamiques qui régissent notre présence dans le corps physique entrent en communication, de manière plus ou moins subtiles et performantes pour la santé de l’organisme.
Nous offrons ici la possibilité que notre pratique de yoga (peut-être la pratique posturale, mais au fond toute pratique d’observation) permette d’explorer notre espace corporel et ce principe de résonance entre ses différentes parties.
La science nous a permis de découvrir qu’il y avait un principe de résonance au sein même de notre corps : entre le crâne et le bol pelvien par exemple, ou bien entre les différentes articulations qui pourraient être observées comme multiples “diaphragmes” symboliques (chevilles, genoux, bassin, diaphragme respiratoire, ceinture scapulaire, mâchoire et l’espace frontal) qui se répondent les uns les autres selon leur qualité circulatoire.
La voie de la polarité (que ce soit en ostéopathie tissulaire ou thérapie cranio-sacrée) partage aussi des informations essentielles sur la manière dont le mouvement des os temporaux au niveau du crâne affectent les os du bassin, et vice versa. Notre pratique de yoga peut développer cette écoute subtile des mouvements respiratoires et tissulaires au sein de notre propre espace corporel.
Et pour reprendre cette citation “tout ce qui est en haut et comme tout ce qui est en bas”, le yoga est l’unique pratique qui nous offre un panel de postures renversées, modifiant la circulation de l’énergie en profondeur, et sur un plan encore plus subtil accompagnant le pratiquant à transformer sa perception de la réalité.
Le corps et sa circulation interne en se réorganisant offre au pratiquant un renversement du regard sur le monde extérieur ; il s’agit d’un mouvement indispensable du cheminement vers cet état de yoga que l’on retrouve même dans des archétypes plus occidentaux comme la figure du pendu dans le Tarot de Marseille.
Ce principe de la résonance dans notre physiologie trouve déjà son origine dans le développement embryonnaire au moment où la majorité des tissus conjonctifs émergent depuis le mésoderme (un feuillet embryologique) ; nous retrouvons cette couche du mésoderme ensuite sur la totalité du corps.
Aujourd’hui la science moderne nous démontre comment cette communication tissulaire est plus rapide que celle du système nerveux. Ceci participe au développement de plus en plus subtil de notre perception, elle-même au service de l’état d’unité au sein de notre propre organisme. Cela nous permet de vivre une expérience plus affinée, plus tangible, moins anesthésiée, en lien avec le principe de création de la vie qui émerge déjà au stade déjà embryonnaire.
Nous retrouvons dans la tradition indienne (puis chinoise aussi) cette réalité de résonance diaphragmatique ou horizontale au sein même du corps avec les centres énergétiques (chakras) et surtout les 3 granthis. Ces derniers sont 3 grands bassins d’énergie spécifiques représentant chacun une qualité singulière portant le nom de 3 principales divinités indiennes, 3 grandes forces, qui s’unissant et entrant en résonance les unes avec les autres nous permettent de rencontrer des états d’union, de samadhi.
Le son Aum nous permet aussi d’aligner ces 3 grands diaphragmes (granthis) depuis des réalités horizontales a priori séparées vers une unité verticale qui englobe le Tout. Pour détailler les 3 granthis, nous avons Brahma, la force de création avec la vibration du son A (zone abdominale en lien avec les organes de la conception) - Vishnu, la force de préservation avec le son U (zone thoracique en lien avec les organes au rythme régulier du maintien de la vie tels que poumons et coeur) et enfin le principe Mahesvara ou Shiva, la force de transformation/destruction avec le son M (vibration au niveau de la zone de la tête qui représente le principe de la pensée et de l’analyse).
C’est donc de ces trois granthis, que nous faisons émerger la vibration AUM, le son A associé à Brahma, le son U (prononcé OU) à Vishnou et le son M à Mahesvara. Le OM est appelé dans la tradition védique PRANAVA, le son primordial, le premier son à l’origine de la création de l’univers nommé Big Bang en occident, et Brahmavispotak dans les temps védiques. Dans le texte du Rig Veda, il est précisé que cette vibration originelle a donné naissance aux cinq éléments qui constituent aussi bien le macrocosme que le microcosme : YA (éther), VA (air), SHI (feu), MA (eau) et NA (terre).
Comme les sages de la tradition védique nous le précisent, s’immerger dans la vibration du OM est ce qui nous amène au plus près de l’état de la Conscience Suprême. N’est-ce pas d’ailleurs cette résonance que le pratiquant de yoga (consciemment ou inconsciemment) recherche à atteindre lorsqu’il chante le son OM, reliant ainsi le microcosme au macrocosme.
La tradition indienne dans la voie du yoga a souvent offert un langage crypté et symbolique. Comment notre pratique permet-elle de développer une observation des structures qui crée la vie et l’harmonie au sein de notre propre système, pour ensuite pouvoir entrer en contact avec les lois fondamentales qui régissent le vivant ?
Dans ses Yoga Sutras le Sage Patanjali mentionne plusieurs obstacles et leur effet secondaire sur la voie du yoga qui peuvent nous empêcher d’atteindre cette union ou ce principe de résonance. Il nous offre une orientation (chapitre I sutra 32), celle d’appliquer le principe appelé “Eka tattva abhyasaha” : ne pratiquer qu’une seule chose, se focaliser sur un seul principe dans l’instant, et ne voir que lui. Cette notion de “eka tattva” génère une résonance parfaite avec l’objet ou le principe visé - tout comme les pendules de C. Huygens.
Prenons l’exemple des Pranayama (le travail de l’énergie, du souffle vital), il est fascinant d’observer que cette science des pranayamas nous amène à maîtriser le flux de l’inspiration, de la rétention et de l’expiration. En mettant en notre souffle en résonance avec le principe de la vie, toute vie étant inscrite dans un cycle inspiration-suspension-expiration, alors les différents souffles vitaux (pancha prana vayus) s’équilibrent et le mental devient clair, stable, harmonieux.
Lorsque nous pratiquons des techniques de respiration collectivement, nous pouvons sentir que l’inspir et l’expir se font d’un même rythme, offrant la sensation de respirer avec un seul et même poumon… le collectif respire à l’unisson ! Il en est de même avec les états méditation (dhyana), les multiples esprits en se mettant au diapason, crée un champ de conscience collective unifié - à la fois intemporel puisque ça nous ramène à la nuit des temps, et à ce qui alors se manifeste vibratoirement dans le moment présent. L’espace se densifie, se transforme, se charge en une Présence, celle d’un état appelé en sanskrit : Bhav.
Ce principe observé ci-dessus peut s’appliquer à toutes les expressions de notre sadhana à travers les 8 membres (ashtanga) du yoga exposés par Patanjali (yama, niyama, asana, pranayama, pratyahara, dharana, dhyana et samadhi). Lorsque le multiple se met en résonance alors il devient l’Un.
Sur la voie du Yoga, toutes les pratiques, techniques offertes, sont au service de cette mise en résonance entre notre réalité physique et celle qui échappe à nos sens mais qui régit le vivant. La qualité de cette résonance va être à la hauteur de la qualité de l’attention que nous allons apporter à chacune d’entre elles.
Concrètement cela signifie que chaque technique mérite un temps d'écoute avant, pendant et après la réalisation de celle-ci. Cela va permettre d'affiner nos modes de perception, d’observation et d’expression et par conséquent de goûter aux états modifiés de conscience que l'on a nommé yoga. C’est laisser le temps aux différents systèmes (microcosme/macrocosme) de s’harmoniser ; de cette harmonisation découle le Yoga.
Le principe de l'unité se base sur ce principe même de la résonance : une résonance entre la matière et l'esprit, l'esprit du vivant pour être plus précis. L'esprit est souvent perçu dans un premier temps comme quelque chose d'abstrait. Cependant lorsque nous appréhendons avec plus de conscience sa dimension vibratoire qui lui permet d'être perçu alors toute séparation se dissout.
Une circulation fluide et globale émerge, l’énergie et la conscience se sont unifiées pour nous entraîner dans cette Respiration du Vivant qui par conséquent libère toutes les contractions qui pourraient avoir la tendance à se manifester sous la forme de douleurs, maladies, pensées négatives etc. Dans ce principe de résonance tout affecte tout, depuis notre corps, au mouvement des planètes, aux marées des océans, rien n’est séparé. La rencontre inévitable avec l’altérité (d’abord duelle) devient alors une rencontre avec un seul principe, le Soi, pour pénétrer l’espace de la non-dualité.
La principe de la transmission : la mise en résonance avec ce qui nous élève
Dans la dyade guru/disciple, au regard de la tradition du yoga, on parle de la même chose, il s’agit d’une mise en résonance avec celui qui transmet et celui qui reçoit. Avant toute chose un professeur de yoga transmet une qualité d'être, les techniques sont à son service pour accompagner des personnes encore non-initiés à cheminer vers cette qualité. L'étudiant entre en résonance avec les états que l’enseignant, lui-même, connaît (quand l’ignorance a été levée et que le système de notre corps est en harmonie avec le grand tout).
Alors pour le jeune yogi, le principe de l'unité se développe en lui, à travers la résonance tissulaire, organique avec tout ce qui est vivant, avec ce qui l'entoure et dans la relation à l'autre, son enseignant d’abord, et petit à petit toute forme d'altérité.
Dans notre physiologie, nous comprenons ce principe de résonance avec l’altérité dans le processus d’apprentissage, de mimétisme et d’empathie grâce au principe des neurones miroirs. Il s’agit d’une découverte majeure en neurosciences. On peut percevoir comment ces neurones miroirs présentent une même activité lorsqu’un individu exécute une action que lorsqu’il observe un autre individu exécuter la même action, et même lorsqu’il imagine cette action. On retrouve ce principe dans le baillement (étant à l’origine une détente tissulaire) qui se transmet d’une personne à l’autre dans une pièce par le processus des neurones miroirs. De même dans la prévention des escarres pour les personnes longuement alitées, de beaux résultats sont perçus quand les personnes visualisent, imaginent des mouvements ou postures de yoga, le corps en reçoit directement les bénéfices.
La tradition indienne l’a offert sous la forme de cette dyade guru/disciple très présent dans le Bhakti Yoga, le guru (gu- ignorance/ténèbres, ru- connaissance/lumière) est une personne qui par résonance depuis son état permet au disciple de soulever les voiles de l’ignorance, de renverser sa perception du réel pour expérimenter l’état de yoga.
Cependant il peut aussi se manifester sous d’autres formes :
l’harmonie de l’univers qui transparaît dans un paysage de nature
la rencontre avec les éléments de la nature comme le soleil, la lune qui sont honorés à travers surya et chandra namaskar (salutation au soleil et à la lune)
la science des yantras et des mantras qui à travers la symbolique sacrée et le son nous rapproche de la conscience de l’unité
et toute représentation archétypale comme les multiples dieux et déesses de la tradition védique, pour que progressivement le pratiquant puisse en épouser les qualités. C’est ce qui est proposé lors des différents festivals védiques : par exemple le Festival de Navaratri qui offre 9 nuits pour entrer en résonance avec les qualités de la Shakti, principe féminin des différentes expressions de la Déesse, et la nuit auspicieuse lors de Mahashivaratri pour entrer en résonance avec les qualités et l’esprit de Shiva, principe de la conscience.
Tout espace extérieur résonne avec notre propre espace intérieur. Lorsque nous entrons en résonance avec un paysage d’une grande beauté, ou avec l’architecture d’une cathédrale ou d’un temple, notre propre architecture intérieure et axes énergétiques s’en trouvent élevés.
Lors de la rencontre avec l’enseignant - appelé Guru dans la voie indienne - nous entrons en résonance avec la clarté de ce guide, de cet instructeur. Il a su purifier par son cheminement et sa pratique l’organisation de son corps physique, énergétique, mental, émotionnel et spirituel vers un corps de sagesse avec lequel le pratiquant / le disciple peut entrer en résonance.
La transmission devient alors beaucoup plus le partage d’un état de yoga que l’accumulation de techniques qui pourraient mener au risque de nourrir une dimension plus en lien avec la personnalité et la notion de réussite sur le plan extérieur, que l’expression du Soi dans son lien avec le Vivant.
Une question peut alors émerger au coeur de notre enseignement : comment transmettons-nous en tant qu’enseignant de yoga pour être au service de l’état de yoga, en nourrissant ce principe de résonance ?
Rejoignez-nous du dimanche 29 septembre au mardi 8 octobre 2019 pour la Retraite Navaratri chez soi, en soi - online retreat - donation à partir de 20 euros.
En Inde, le festival de Navaratri est dédié à la Grande Déesse et ses différentes expressions. Ce sont 9 nuits et 10 jours auspicieux pour se consacrer à la méditation et la contemplation. C’est une opportunité unique de rencontrer les diverses formes de la Shakti et archétypes féminin.
Nous vous proposons de vous accompagner et affiner vos perceptions à travers :
un programme de pratiques quotidiennes accompagnant un processus de transformation intérieure /
méditation et yoga nidra /
approche sensorielle et fluide du corps /
connaissance /
diverses formes d’inspiration pour nourrir la Bhakti /
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